Souriez, vous êtes cyber-traqué·es

Un dimanche matin comme les autres, sur la ligne de départ du semi-marathon de Bordeaux. Sous le regard d’une des 251 caméras de surveillance de la ville, tu dictes à ton smartphone : « Dis Siri, appelle maman ». Un peu trop curieux, l’assistant vocal d’Apple exploiterait tes conversations à ton insu. Puis, tu lances Strava pour enregistrer ta course. Sur l’application, tes déplacements deviennent des données GPS publiques. Le long du parcours, l’entreprise Photorunning capture l’effort. Sans que tu le saches, ton visage est soumis à un système de reconnaissance faciale

Sous couvert d’efficacité, de confort, de sécurité même, nous alimentons allègrement le laboratoire de la surveillance à grande échelle. Porté par les États et les géants du numérique, ce projet de société a un coût : celui du contrôle social, de l’étouffement des mobilisations, du musellement de la presse. Le syndrome Big Brother serait-il, alors, le mal des temps modernes ?

À l’occasion de cette 17e édition de La Fabrique de l’info, nous avons voulu changer de focale : La Fabrique is Watching You. Clin d’œil à la dystopie d’Orwell, ce titre ne cède rien au fatalisme. Il invite à la réflexion et à l’action à l’heure où l’administration Trump bannit 1984 des écoles américaines.


À la trace. Dans l’espace public, comme privé, la caméra infrarouge observe, traque, passe au crible. C’est l’omniscience d’un système, la vigilance de ses relais… parfois médiatiques.

Signal d’alarme : dans nos sociétés hyperconnectées, les avancées techniques sont rapides, potentiellement liberticides et non sans conséquences sur la manière d’informer et d’être informé·e.

Hors champ, la riposte s’invente. Journalistes, militant·es, citoyen·nes investissent les angles morts. Avec un objectif : reprendre la main sur le fil de l’actu. 

Nous, acteur·ices de l’information de demain, avons opté pour la sousveillance. Surveiller les surveillant·es – le pouvoir politique, l’institution policière, la Big Tech … – mais aussi braquer l’objectif sur nos propres pratiques.

Lucie Quellard et Eva Zanotti, rédactrices en chef




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